Il ne faut pas lancer de groupe de travail

Ce manifeste vise à sensibiliser les collectifs aux dangers de l'objet "Groupe de travail".

Origine

Nous sommes après l'an 2000 et les êtres humains ont tellement institutionnalisé leurs modes de coopération qu'ils ne parviennent plus à travailler. Ils ont créé un objet qui s'appelle le groupe de travail. Il consiste à créer un groupe qui s'engage à traiter une question ou un sujet. Les personnes se réunissent alors pour discuter de cette question. Parfois les meilleurs d'entre eux parviennent laborieusement à faire émerger un, deux ou trois objets concrets producteurs de valeur pour les personnes qui avaient été identifiées comme bénéficiaires potentiels de ce groupe de travail.

Dans les autres cas ; les groupes se réunissent régulièrement jusqu'à s'évaporer d'eux mêmes pour cause d'inutilité chronique.

Analayse

Comment en est-on arrivé là ?

Des personnes ayant travaillées sur le sujet ont sûrement des connaissances plus précieuses à partager. Improvisons des hypothèses. Nos environnements de travail se sont complexifiés > de nombreux liens d'interdépendances supplémentaires ont été tissés > nous passons donc de situation où les travailleurs devaient résoudre des problèmes dits simples à des problèmes dits complexes. Nos problèmes sont devenus plus rapidement complexes que nous ne sommes devenus compétents pour résoudre des problèmes complexes. Donc on ne sait pas comment résoudre ces problèmes, on ne sait pas bâtir des configurations de travail facililtantes pour la résolution de ces problèmes.

Pourquoi à partir du moment où le mot groupe de travail est prononcé, les individus se mettent instinctivement en posture de non-travail ?

Des personnes ayant travaillées sur le sujet ont sûrement des connaissances plus précieuses à partager.Improvisons des hypothèses. Le groupe de travail implique tacitement de se réunir pour faire des réunions, sans requestionner l'intérêt et l'utilité de ces réunions. Le groupe de travail implique tacitement des consensus d'équipe au sein de ce groupe de travail alors que le consentement est largement suffisant dans des dynamiques de projets. Le groupe de travail implique tacitement de produire de la réflexion en amont de réalisations concrètes. Ces trois implicites sont néfastes pour la résolution de problèmes complexes.

• Les réunions sont des outils de synchronisation et d'échanges qui servent l'action. Elles prennent place dans l'action quand la synchronisation ne se fait pas par d'autres canaux, elles s'organisent lorsque c'est nécessaire. Nous travaillons, nous produisons et je sens que j'ai besoin d'une réunion pour échanger sur ce point en particulier parce que je sens un problème de synchronisation, ou j'ai un doute quant à la pertinence de ce choix, etc.
• Le consensus est un outil de gouvernance utile dans certains cas (la nécessité d'assurer l'adhésion collective pour compter sur les membres) et beaucoup trop lourd dans la plupart des cas. Quand vous vous inscrivez dans la production et la création de valeur, il est plus pertinent de fonctionner au consentement.
• Les problèmes complexes ne se résolvent pas avec de la réflexion puis de la production mais plutôt l'inverse, ou un subtil entremêlement des deux. On passe très vite à l'action, on produit rapidement des petites choses concrètes pour avancer. Ces essais permettent de faire des erreurs et d'apprendre. Ces enseignements sont essentiels pour avancer sereinement vers une solution ou une proposition viable et pertinente, cohérente avec le quotidien et les besoins des personnes. Jamais une réflexion ne peut remplacer l'apprentissage par le faire. Vous n'apprendrez rien en réfléchissant, si vous n'apprenez pas, vous ne pouvez résoudre de problèmes complexes.

Allez bonne chance .

Mort aux groupes de travail !

Longue vie au travail !