Une voiture blanche rue de l'apprentissage
Un projet d'article pour le Beau perroquet brun.
On pourrait croire ici qu'un navire ailé viendrait accoster cette jetée. Il y a pas loin une mosquée, est-ce un abri pour les anges. Ces bâtiments, plusieurs fois en ruines et plusieurs fois relevés, enjambent le ciel, accueillent des apprentis du batiment, c'est un CFA du BTP. Il y a aussi des sapeurs pompiers, vu qu'avec les anges le feu n'est jamais très loin. À coté encore de la zone industrielle - car ici les mosquées sont dans des zones industrielles - Calixte Plotton, avec des services de carrosserie, de marquage, de peinture ou de robotique. Une petite voiture blanche se gare souvent au pied de ce quai, sous l'eau si l'on admet que des navires ailés accostent là. Elle se dépose le long de la route - la rue de l'Apprentissage - un peu en retrait, ne génant pas les piétons. Devant elle des blocs de pierre protègent l'herbe d'un hangar, derrière elle une plante arborée invasive, sous ses roues un chemin gravillonné. Les élèves apprentis sont les anges. Leur professeur est venu avec sa voiture et s'est garé là, pourquoi pas. Lui n'est jamais monté dans le grand bateau qui emmène ses élèves et il en éprouve un peu de jalousie. À la fin de la journée il repart, un peu grognon, dans sa petite automobile blanche, ses élèves navigant sur les rayons du Soleil, vers Beaubrun, Terrenoire, la Cotonne et la Métare. Les petites automobiles tournent et tournent et se dispersent, déjà poussières, comme des planctons dans l'océan, leur apprentissage réussi mais leur vie toujours au large.
